J accepte de répondre
Les interrogatoires avant le procès, avril-juin 1945. L'audition de l'île d'Yeu, août 1946-juillet 1947
Le maréchal Pétain fut interrogé à dix reprises avant l'ouverture de son procès.
Dans ces interrogatoires, nulle conférence, des questions. Les pièces de l'accusation sont présentées à l'accusé : dépositions de témoins, correspondances, ses propres déclarations... Pétain répond, successivement abattu, indigné, combatif, assumant son action ou se défaussant sur son entourage. Sa défense s'ébauche, élémentaire, puis s'échafaude avec ses avocats.
Restés inédits dans leur intégralité jusqu'à aujourd'hui, ces procès-verbaux d'audition saisissent par l'incroyable désordre et la marche forcée des questions. L'impression est celle d'un exercice imposé, dans l'urgence, si ce n'est l'improvisation.
L'objet principal des interrogatoires n'en est pas moins saisissant : l'armistice «criminel», la collaboration ? Non pas ! Le socle de l'accusation, c'est le complot : le supposé cagoulard en chef Pétain aurait tramé la défaite pour renverser la République. Radicale, bâtie sur quelques pièces et arguments massues, l'accusation de complot convient à l'urgence judiciaire, mais aussi à l'opinion puisqu'elle disculpe l'immense majorité des Français et de leurs représentants qui ont souscrit à l'armistice et aux pleins pouvoirs.
Ces interrogatoires d'avant le procès sont suivis de l'audition de l'île d'Yeu où les représentants de la commission parlementaire chargée d'étudier les événements qui se sont déroulés de 1933 à 1945, viendront entendre Philippe Pétain pour la dernière fois.
Ces interrogatoires appartiennent à l'Histoire. Ils ne pouvaient demeurer reclus. Leur lecture est indispensable pour bien comprendre ce que furent l'action et le régime de Vichy.